Thursday, 28 February 2008

Universitaire.

L'université existe-t-elle encore? A en croire l'OCDE, il vaudrait mieux qu'elle devienne école. Je cite:



"Les universités et autres institutions d’enseignement supérieur peuvent apporter et apportent une contribution importante au développement économique (le monsieur a bien dit économique) et social des régions, et dans une économie (le monsieur a encore dit économie) mondialisée, ce rôle prend une importance croissante. Il arrive toutefois trop souvent que les possibilités de synergie soient entravées par des failles dans la communication entre parties prenantes régionales et institutions d’enseignement supérieur, par l’insuffisance ou l’imprécision des signaux émis par les pouvoirs publics, et par des divergences dans les ordres du jour des établissements.

L’IMHE, en collaboration avec la Direction du développement territorial et de la gouvernance publique (OCDE) procède à un examen comparatif sur la manière dont ces problèmes sont abordés dans les pays membres de l’OCDE, l’objectif étant de renforcer les partenariats entre les institutions et les régions. Le projet sera mené tout au long de l’année 2005 et une grande partie de 2006, et aboutira à une publication à la fin de 2006. Le Higher Education Funding Council for England (HEFCE) soutient ce projet." (1)





Les écoles, à la base, formaient l'esprit grâce aux sept arts libéraux, répartis en deux domaines: le trivium, et le quadrivium. Avant ça, pas d'écoles, seulement des professeurs (2). Jusqu'ici tout va bien, sauf qu'aujourd'hui personne ne sait ce qu'est ni le trivium ni le quadrivium. Comme la société n'a plus besoin de ces notions, elles ne sont plus enseignées : l'école produit des élèves façonnés à l'image que la société se fait d'elle même (3).

Tant que la société restera à ce point hypnotisée par les sciences économiques, les écoles formeront des élèves dont le but est de gagner, ou de faire gagner, de l'argent. Et cela vaut aussi bien en école de commerce que d'architecture.



Mais bon, on le sait tous, l'architecture est bien plus qu'une question d'argent. L'architecture n'est pas que marché immobilier, spéculation, villa reculée dans les montagnes, ou hôtel de luxe avec vue sur la mer. Elle l'est en partie, c'est sûr, et c'est même sa fonction principale. Mais l'architecture est aussi recherche, comme un Corbusier avec ses cellules de 14m². Et puis l'architecture n'est pas seulement le fait de projets particuliers, d'architectes particuliers, mais aussi de groupes de recherche, tel un Team Ten.

Et alors? La recherche en architecture, qu'est ce que cela implique? Ça implique, d'abord, qu'on nous ait sucré le DPLG. Je m'explique. C'est en voulant harmoniser notre formation sur le modèle universitaire européen, et surtout pour créer un diplome de doctorat, que l'on a enlevé aux études d'architecture ce qui les mettaient à part: son projet final démesuré, le DPLG, sorte de relique du grand œuvre accompli par les Compagnons. (4)

Et ceci est tout à fait compréhensible. En entrant dans le modèle universitaire, il faut se plier à ses lois, ces modes de fonctionnement, ses outils de formation et de réflexion. Mais là où cela devient intéressant, c'est qu'on a désormais la possibilité de faire de l'architecture une discipline universitaire. Tout comme les sept arts libéraux dont je parlais tout à l'heure, qui aujourd'hui forment la base de notre pensée occidentale.

Soit. Et qu'est ce que ça change?

D'une part, ça change l'université , lui donnant de nouveaux outils venu de l'architecture. On pourrait penser à l'outil "échelle". Mais aussi à la pédagogie par projet.

Et ça change aussi l'architecture, en lui donnant les moyens de n'être plus subordonnée qu'aux forces vives dominantes, telle que l'économie, par exemple.

Et tout le reste qu'il reste encore a découvrir.

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(1) http://www.oecd.org
/document/47/0,3343,fr_21571361_39572393_35253615_1_1_1_1,00.html
(2) Emile Durkheim, in L'évolution pédagogique en France, Paris, Puf, 1938, Quadrige, 1999, 399 p.
(3)Ivan illich, Une société sans école, Paris, Ed. du Seuil, 1971, 187 p.
(4) référence au processus de Bologne, traité ratifié en 2002.

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