Wednesday, 13 February 2008

Une culture du tout venant.

En référence au post précédant: Un projet de génération.

Ca, pour le coup, ça me fait penser à ce prof de Zagreb, certain que le manque d'idéal de notre génération constitue un problème. Tu lui avais alors parlé de la globalisation. Et je renchérirai en parlant de cette culture du tout venant qui est la notre, cette culture en devenir, rompant avec l'ancienne, la traditionnelle, qui s'ancrait au lieu.

Ouias ouais... Mais est-ce bien possible de rompre avec le lieu? A mon avis, une culture ne peut se définir sans appartenance au territoire. Reste à chercher ce qu'est le territoire - si ça t'interesse y'a Deleuze qu'en parle avec son concept de déterritorialisation.
Et reste aussi à voir quelle relation la culture globale - cette fameuse culture du tout venant - entretient avec le territoire.

A ton avis, peut on parler du territoire virtuel comme avatar d'un territoire physique, auquel notre génération réfère sa culture?

Ou, pour aller voir du coté de Krishnamurti (1), la culture se référant au territoire virtuel est elle viable, dans le sens ou le référend est un symbole, qui par nature n'a pas de réalité physique?

Le symbole étant un signe convenu, ayant pour fonction de faire état d'une réalité perçue, une culture née d'un monde de symboles n'est elle pas une mise en abime la culture? ....

Et voila que pointe son nez, parmi toutes les idées se bousculant, la question de la création.

Un exemple: le concours de Venise. Pour le rendu, nous avons pris une photo du lagon. Elle est devenue le référend. Après on a intégré le dessin du projet. Le photomontage t'a été envoyé, il est devenu ton référend, ton symbole. Et tu l'as ensuite retransformé. J'imagine que si tu l'avais envoyé à Damien, il aurait lui aussi trouvé un moyen de transformer. Et s'il me l'avait enfin renvoyé j'en aurais fait tout autant.

La quetion n'est pas: est il bon ou non de se référer au virtuel. Cette culture existe, et elle est même plutôt jouissive... La question est bien plus: qu'est ce que cela engendre, cette mise en abîme? Quel problème nous permet elle de poser? Qu'est ce que ca veut dire de se référer non pas à un monde physique, avec toute la complexité qu'il comporte, mais à un monde virtuel, où cette même question de la complexité est éludée de part le caractère normalisé - réglé, conditionné, institutionnalisé, voire évangélisé... - de sa création?


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(1) L'homme est un animal amphibie qui vit simultanément dans deux mondes : celui du milieu familial et social, de la vie matérielle, de la conscience des choses, et le monde des symboles. Dans notre pensée, nous nous servons d'une grande variété de systèmes de symboles verbaux, mathématiques, plastiques, musicaux, lithurgiques, sans lesquels nous n'aurions ni arts, ni sciences, ni lois, ni philosophies, bref, pas même l'embryon d'une civilisation : nous serions des animaux.
Haldous Huxley, préface de La prmière et dernière liberté, par Krishnamurti, éd. Stock, 1966, 294 p.

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