Thursday, 7 February 2008

Pendant ce temps, la Chine et l'Inde...

L'Europe se rêve en "économie de la connaissance la plus compétitive du monde" (voir post précédent, Lisbonne2000). Cette noble ambition contraint depuis déjà plusieurs année son (ses?) systeme(s) universitaire(s) à se confronter au géant d' outre-Atlantique; et la lutte n'est pas gagnée d'avance ...
Et à l'est, quoi de nouveau?

« Selon Terry Hilsberg, directeur du Global University Alliance à Hongkong, la Chine sera bientôt en mesure de proposer des formations de niveau master de qualité équivalente à celles qu’offrent les meilleurs universités occidentales ou australiennes, mais pour un cout nettement moindre (il l’évalue à 5000 $ pour des formations « facturées » 30 000 $ par les universités américaines aujourd’hui). Quand aux obstacles géographiques et linguistiques, ils pourraient être contournés par la création de campus offshore délivrant un cursus en anglais. Il faut dire que le gouvernement chinois voit les choses en grand : doublement des crédits de l’enseignement supérieur de 1998 à 2001 (de 6,7 à 13,6 milliards de dollars), création de pôles d’excellence…Le vivier semble inépuisable : avec 13 millions d’étudiants, la Chine reste un des pays où l’accès aux études supérieurs est le plus sélectif. Chaque année elle envoie 100 000 étudiants à l’étranger.

L’Inde, quant à elle, ne se contente plus de fournir une main d’œuvre peu qualifiée, à bas prix et corvéable à merci pour les industries manufacturières, la saisie de données informatiques ou les call centers. Non seulement il y a aujourd’hui autant d’ingénieurs en exercice autour de Bangalore que dans la Silicon Valley californienne, mais certaines entreprises locales commencent à vendre des solutions complètes qui vont de la conception à l’exécution. Dit autrement, après avoir perdu des centaines de milliers d’emplois peu qualifiés au profit de l’Asie, l’Europe pourrait commencer à perdre des emplois qualifiés, voire hautement qualifiés. Un indice ne trompe pas : certains diplômés européens ou américains commencent à accepter des emplois dans des entreprises indiennes, aux conditions locales et plus seulement comme travailleurs expatriés. Les salaires n’ont certes rien à voir avec ceux qu’ils percevaient dans un pays riche mais permettent de vivre confortablement, et le pari vaut d’être tenté.

Ce dynamisme asiatique se heurte encore, en Inde, à la structure de la société, en Chine, à un système politique dictatorial et corrompu, dans les deux pays, à l’extrême pauvreté qui touche des centaines de millions d’habitants et à d’immenses inégalités. Le mouvement semble néanmoins engagé et la question n’est plus de savoir si l’économie européenne aura à affronter la concurrence asiatique sur ses territoires d’excellence mais quand le choc se produira. »1

...on ne pourra pas dire qu' on était pas informés!


1: Sylvain Kahn - Emanuel Davindenkoff. Les universités sont-elles solubles dans la mondialisation? - Hachette littérature. Coll. Essai.

1 comment:

Romain said...

Ca m'rappelle une certaine veste jaune!