Le monde change. Vite. Toujours plus vite. De la mondialisation à l’exponentialisation du savoir; du réchauffement climatique aux mégalopoles, l’humanité se confronte à l'échelle globale. Se confronter, c'est à dire comprendre les problèmes, pour mieux chercher des solutions (1). Et l’architecte contribue à cette recherche, en tant que projeteur d'un monde physique en construction.
Encore faut-il qu’il s’en rende compte me direz-vous. Et, surtout, qu’il agisse en conséquence. Il n'est pas question ici de trouver de nouvelles règles, comme le feront les défenseurs de la HQE, ou ceux du développement durable. Il s'agit plutôt de mettre à plat nos méthodes, nos a priori, pour proposer des remèdes aux maux que messieurs les politiques, et autres programmateurs en tout genre, nous demandent de soigner.
Prenons un exemple. Il serait aujourd'hui impensable de mettre sur le dos des seuls architectes, voire d'un architecte en particulier, les problèmes que peuvent susciter les "grands ensemble". Les quelques discussions ayant cours depuis peu nous en donnent une preuve criante (2). Car c'est bien plus d'un processus englobant divers corps décisionnels, en amont et en aval du projet, que provient l'échec de ces programmes en France (3). L'architecte n'est pas seul à décider, il n'est même pas seul à créer. Pas étonnant, dans ces conditions, que la plupart des propositions innovatrices sur les dits "grands ensemble" viennent d'équipes pluridisciplinaires.
Ingénieurs, maçons, anthropologues, plasticiens ou autres biologistes, tous ces métiers ont trait avec le processus de construction (4). Tous ont une vision de l'habitat, une vision de la ville. Tous ont des expériences différentes. C'est ce qui forme la richesse de notre champs architectural; ce qui rend notre métier passionnant. Et c'est surtout notre grand défi, faire du processus de construction un réel travail d'équipe.
Travailler avec d’autres, donc. Accepter qu'il existe différentes manières d’appréhender les problèmes. L’architecte ne peut plus se considérer comme le dieu absolu du projet. Le seul de qui émanent les idées, le seul créateur; même si on le forme à le croire (5). L’architecte est un parmi d’autres. A la différence près qu'il assume seul - ou plutôt qu'on demande d'assumer seul - la charge de projeter les nouveaux édifices. Il est avant tout créateur d'espace. Mais pour ce faire, il lui est indispensable de savoir travailler avec les autres. Non pas déléguer. Non pas faire intervenir. Mais mettre en commun des capacités, pour en faire ressortir des projets.
Bien sûr, cette question de l'interdisciplinarité n'est pas le seul fait de notre sacrosainte discipline (6). Mais le cas de l’architecture est particulier, car elle contient en son for les germes de la pensée transdisciplinaire. Entre l’art et la science, l'utopie et l'économie, l’architecte jongle en permanence avec ses différentes cultures.
Il lui faut maintenant apprendre à jongler avec des partenaires. Et cela commence à l’école.
Encore faut-il qu’il s’en rende compte me direz-vous. Et, surtout, qu’il agisse en conséquence. Il n'est pas question ici de trouver de nouvelles règles, comme le feront les défenseurs de la HQE, ou ceux du développement durable. Il s'agit plutôt de mettre à plat nos méthodes, nos a priori, pour proposer des remèdes aux maux que messieurs les politiques, et autres programmateurs en tout genre, nous demandent de soigner.
Prenons un exemple. Il serait aujourd'hui impensable de mettre sur le dos des seuls architectes, voire d'un architecte en particulier, les problèmes que peuvent susciter les "grands ensemble". Les quelques discussions ayant cours depuis peu nous en donnent une preuve criante (2). Car c'est bien plus d'un processus englobant divers corps décisionnels, en amont et en aval du projet, que provient l'échec de ces programmes en France (3). L'architecte n'est pas seul à décider, il n'est même pas seul à créer. Pas étonnant, dans ces conditions, que la plupart des propositions innovatrices sur les dits "grands ensemble" viennent d'équipes pluridisciplinaires.
Ingénieurs, maçons, anthropologues, plasticiens ou autres biologistes, tous ces métiers ont trait avec le processus de construction (4). Tous ont une vision de l'habitat, une vision de la ville. Tous ont des expériences différentes. C'est ce qui forme la richesse de notre champs architectural; ce qui rend notre métier passionnant. Et c'est surtout notre grand défi, faire du processus de construction un réel travail d'équipe.
Travailler avec d’autres, donc. Accepter qu'il existe différentes manières d’appréhender les problèmes. L’architecte ne peut plus se considérer comme le dieu absolu du projet. Le seul de qui émanent les idées, le seul créateur; même si on le forme à le croire (5). L’architecte est un parmi d’autres. A la différence près qu'il assume seul - ou plutôt qu'on demande d'assumer seul - la charge de projeter les nouveaux édifices. Il est avant tout créateur d'espace. Mais pour ce faire, il lui est indispensable de savoir travailler avec les autres. Non pas déléguer. Non pas faire intervenir. Mais mettre en commun des capacités, pour en faire ressortir des projets.
Bien sûr, cette question de l'interdisciplinarité n'est pas le seul fait de notre sacrosainte discipline (6). Mais le cas de l’architecture est particulier, car elle contient en son for les germes de la pensée transdisciplinaire. Entre l’art et la science, l'utopie et l'économie, l’architecte jongle en permanence avec ses différentes cultures.
Il lui faut maintenant apprendre à jongler avec des partenaires. Et cela commence à l’école.
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(1) Le mot problème est ici utilisé dans son sens philosophique. Il fait figure de "noeud" autour duquel la pensée peut commencer se construire.
(2) Voir, par exemple: Frédéric Dufaux, Annie Fourcaut (dir.), Le monde des grands ensembles. France, Allemagne, Pologne, Russie, République tchèque, Bulgarie, Algérie, Corée du Sud, Iran, Italie, Afrique du Sud, Paris, éd. Créaphis, 2004, 263 p.
(3) Le terme d'échec est évidemment à replacer dans le contexte de chaque "grand ensemble", ayant son histoire et son développement propre.
(4) Voir, entre autres, les travaux relatifs à la bionique: Rafal Kisinger et Thomasz Arciszewski, "La génétique au service des architectes", Pour la science, n°363, 2008,pp. 32-38
(5) L'idée (pour le moins conservatrice) d'architecte démiurge persiste chez nombre de professeurs, de professionnels et d'étudiants. Cela renvoie à la pensée d'Ivan Illich sur l'institution scolaire: pour lui, l'école est une agence de publicité de la société telle qu'elle est pensée aujourd'hui et non pas telle qu'elle pourrait être pensée demain. In: Ivan Illich, Deschooling society, New York, Penguin, 1971, 128 p, traduit en français sous le titre Une société sans écoles, Paris, Seuil, 1971, 142p .
(6) Voir, entre autres: Edgar Morin, Relier les connaissances: le défi du XXIème siècle, Paris, Seuil, 1999, 471 p.
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