Sunday, 27 January 2008
Entre Informel et Education
Quelques points
9. Voici de l’architecture: projet illisible et à venir, école encore inconnue, style à définir, espace inhabitable, invention de nouveaux paradigmes.
37. Dire de l’architecture qu’elle n’est pas, c’est peut-être sous-entendre qu’elle arrive. Elle se donne lieu sans en revenir, voilà l’événement.
52 aphorismes pour un avant propos, Derrida, Préface à Mesure pour mesure. Architecture et philosophie, numéro spécial des Cahiers du CCI (Centre Georges-Pompidou), 1987
Une étude sur les magazine spécialsés
Juste pour le plaisir, je vous donne ici une bribe de recherche que j’ai effectué sous la conduite de la professeur Patrcia Lassance sur le traitement de « l’actualité » architecturale dans les revus de langues anglaises, espagnols, allemande, portugaise et française entre 2000 et 2006. Les adjectifs utilisé dans ses articles variés (entre quelques liges et plusieurs pages) sont éloquents :
Surfaces de profondeurs variables, strate intermédiaire
Simplicité, clarté formelle
Tissu ondulant
Impassibilité, homogénéité
Absence de hiérarchie agréable
Transparence nocturne
La sauvegarde du Patrimoine aujourd’hui
Respect des traditions, besoins d’actualisation
Division intérieure incertaine du Bloc monolithique
Système flexible
Machinerie
Esthétique industrielle
Virtualité
Immatérialité
Sobriété
Ecrin précieux
Refus du « JunkSpace »
Rationalité /flexibilité
Eclectisme, démarche inclusive, profusion
Divergence Formelles
Anarchique, indiscipliné, éclectique
Multitude de fracture, agglutination de matériaux disparates, changement incessant, parfois dramatiques des ambiances.
Espace mystérieux et saisissant traversé sur toute sa longueur par une sorte de serpent
Onirisme plus efficace qu’élégant
Contre monumentalité
Innocence des symboles
Un petit temple, salle du trésor transparente, une acropole littéraire
Critique du Lieu, Hymne au mouvement
Saturday, 26 January 2008
Droit de réponse: a mort l'artiste
Friday, 25 January 2008
A MORT L'ARTISTE?
A MORT L'ARTISTE.................................
Et plus précisement, la deuxieme note de ce petit pamphlet anti-copyright:
"Dès 1435, Alberti annonçait à l'aube de la Renaissance dans son traité De la peinture que l'artiste de génie, 'peignant ou sculptant des êtres vivants, se distinguait comme un autre Dieu parmi les mortels [...]. Les artistes consommés, lorsqu'ils voient leurs oeuvres admirées, comprennent qu'ils sont presque égaux à un dieu'."
Architecte demiurge avez-vous dit?
...
Monday, 21 January 2008
L'entraide - Un facteur d'évolution.
Et après on se demande pourquoi l'interdisciplinarité n'est pas un maillon central de notre apprentissage... On est tout simplement formé à la pensée régnante. Diviser pour mieux régner qu'ils disaient (3). Vous vous rappelez Ford? Celui qui divise le travail pour gagner en productivité. Celui qui montre à l'humanité ébahie comment travailler sans comprendre ce que l'on fait. Et bah voilà, on en est toujours là.
Mais maintenant qu'on commence à cerner les limites de la productivité tous azimuts, on va peut etre pouvoir recommencer à travailler ensemble. En sachant ce que l'on fait, pourquoi on le fait, comment on le fait, avec qui on le fait, et ce que font ces autres avec qui on travaille. Recréer ce lien perdu dans les arcanes d'un système décidemment trop simpliste (4).
_______________________
(1) Pierre Kropotkine, L'entraide - Une facteur d'évolution, Paris, Ed. Ecosociété, 2005 (1902), 400 p.
(2) Betes et hommes, Paris, Grande Halle de la Vilette, du 12 septembre 2007 au 20 janvier 2008.
(3) Lettre de Marx à Engels du 18 juin 1862 : « Il est curieux de voir comment Darwin retrouve chez les bêtes et les végétaux sa société anglaise avec la division du travail, la concurrence, l’ouverture de nouveaux marchés, les "inventions" et la "lutte pour la vie" de Malthus. C’est le bellum omnium contre omnes [la guerre de tous contre tous] de Hobbes, et cela fait penser à la phénoménologie de Hegel, où la société bourgeoise figure sous le nom de règne animal intellectuel, tandis que chez Darwin, c’est le règne animal qui fait figure de société bourgeoise. »
(4) Edgar Morin, La méthode T.3 - La connaissance de la connaissance, Paris, Ed. Le Seuil, 1992, 256 P.
Tuesday, 15 January 2008
Education non formelle.
http://portal.unesco.org/education/fr/ev.php-URL_ID=30233&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html
Monday, 14 January 2008
Objet - deuxième jet.
Encore faut-il qu’il s’en rende compte me direz-vous. Et, surtout, qu’il agisse en conséquence. Il n'est pas question ici de trouver de nouvelles règles, comme le feront les défenseurs de la HQE, ou ceux du développement durable. Il s'agit plutôt de mettre à plat nos méthodes, nos a priori, pour proposer des remèdes aux maux que messieurs les politiques, et autres programmateurs en tout genre, nous demandent de soigner.
Prenons un exemple. Il serait aujourd'hui impensable de mettre sur le dos des seuls architectes, voire d'un architecte en particulier, les problèmes que peuvent susciter les "grands ensemble". Les quelques discussions ayant cours depuis peu nous en donnent une preuve criante (2). Car c'est bien plus d'un processus englobant divers corps décisionnels, en amont et en aval du projet, que provient l'échec de ces programmes en France (3). L'architecte n'est pas seul à décider, il n'est même pas seul à créer. Pas étonnant, dans ces conditions, que la plupart des propositions innovatrices sur les dits "grands ensemble" viennent d'équipes pluridisciplinaires.
Ingénieurs, maçons, anthropologues, plasticiens ou autres biologistes, tous ces métiers ont trait avec le processus de construction (4). Tous ont une vision de l'habitat, une vision de la ville. Tous ont des expériences différentes. C'est ce qui forme la richesse de notre champs architectural; ce qui rend notre métier passionnant. Et c'est surtout notre grand défi, faire du processus de construction un réel travail d'équipe.
Travailler avec d’autres, donc. Accepter qu'il existe différentes manières d’appréhender les problèmes. L’architecte ne peut plus se considérer comme le dieu absolu du projet. Le seul de qui émanent les idées, le seul créateur; même si on le forme à le croire (5). L’architecte est un parmi d’autres. A la différence près qu'il assume seul - ou plutôt qu'on demande d'assumer seul - la charge de projeter les nouveaux édifices. Il est avant tout créateur d'espace. Mais pour ce faire, il lui est indispensable de savoir travailler avec les autres. Non pas déléguer. Non pas faire intervenir. Mais mettre en commun des capacités, pour en faire ressortir des projets.
Bien sûr, cette question de l'interdisciplinarité n'est pas le seul fait de notre sacrosainte discipline (6). Mais le cas de l’architecture est particulier, car elle contient en son for les germes de la pensée transdisciplinaire. Entre l’art et la science, l'utopie et l'économie, l’architecte jongle en permanence avec ses différentes cultures.
Il lui faut maintenant apprendre à jongler avec des partenaires. Et cela commence à l’école.
Objet - premier jet.
Le monde change. A vitesse grand V. De la globalisation a l’exponentialisation du savoir ; du réchauffement climatique aux mégalopoles, l’humanité connaît des phénomènes auxquelles elle doit se confronter. Et l’architecte fait partie de ces personnes qui ont la capacité d’apporter des solutions, en tant que projeteur du monde physique à venir.
En travaillant avec d’autres. En travaillant avec des ingénieurs, des anthropologues, des artistes ou même des biologistes. En mettant en commun des capicités différentes d’appréhender les problemes. L’architecte ne peut plus se considérer comme le dieu absolu du projet. Le seul de qui emmanent les idées; le seul créateur. L’architecte est un parmi d’autres. Et il devient urgent qu’il apprenne a travailler avec ces autres. Non pas déléguer. Non pas faire intervenir. Mais mettre en commun des capacités pour en faire ressortir des projets.
Arbres de connaissances.
Voila un mail écrit par notre cher sevillote qui n'a toujours pas internet, il y a quelques mois de cela. A approfondir...
En guise de reprise, et en cadeau de pré-navidad, vous avez gagné une référence bibliographique... que dis-je, LA référence... En fait, non. Ce n'est pas une référence, c'est un nouveau champs, un nouvel horizon pour nos rêves de gosses pédagogiquement drogués.
-Le livre: Michel AUTHIER et Pierre LEVY, Les arbres de connaissances, Paris, La Découverte, coll. Essais, 1993,
-Les liens (a completer, j'ai le livre, pas internet!): http://www.arbor-et-sens.org/arbres/gingo.html; http://francois.muller.free.fr/diversifier/les_arbres_de_connaissances.htm
-Le teasing:
Aujourd'hui, le savoir devient une question d'identité. Il se crée sous nos yeux un "espace du savoir", dont dépend, bien sûr, l'économie, mais aussi, ce qui est d'une plus grande portée, l'identité même des individus. "Or, si presque chacun porte un nom (alliance et filiation), possède, sinon des terres, au moins une adresse (inscription territoriale), est sujet d'un État et participe peu ou prou à la consommation marchande, une majorité d'individus ne disposent d'aucun moyen pour se repérer dans l'espace du savoir" (p. 93). Tel qu'il est organisé aujourd'hui par l'école et l'Université, le système de reconnaissance des savoirs a surtout pour effet de créer un partage radical entre ceux qui savent (les diplômés reconnus par l'institution) et ceux qui ne savent pas (les ignorants qui n'ont pas pu franchir les examens-barrages organisés par l'institution).
Un tel système ignore la plupart des savoirs empiriques (les savoirs de vie) élaborés et transmis par l'ensemble de l'humanité et prive beaucoup d'individus d'une véritable identité cognitive. Il faut inventer un nouveau système sur base de ces trois principes:
Chacun sait: du fait qu'il a vécu, tout être humain sait quelque chose.
On ne sait jamais: personne ne peut disposer de l'entièreté des savoirs qui circulent.
Tout le savoir est dans l'humanité: "Je ne sais pas, mais l'autre sait. Tous les autres. Chacun sait, chacun apporte au savoir sa parcelle incomparable. Si bien que seule l'hu-manité entière peut porter le savoir, tous les savoirs, tout le savoir" (p. 90).
Autrement dit, il faut inventer un nouveau système au sein duquel chacun puisse valoriser ses savoirs, en acquérir d'autres de manière autonome, échanger aussi dans des "communautés de connaissances et d'apprentissage mutuel".
Le nouveau système que proposent Lévy et Authier repose essentiellement sur trois concepts: les arbres de connaissances, les blasons et les brevets. Les brevets, auxquels correspondent des savoirs et savoir-faire (y compris les "savoirs de vie" qui ne sont généralement pas reconnus par des diplômes), sont attribués aux individus qui souhaitent les obtenir, après passation d'une épreuve définie par les spécialistes du domaine. Tous les brevets disponibles au sein d'une communauté (école, région, entreprise…; il est différentes communautés de connaissances possibles) sont représentés, au moyen d'icônes, dans un arbre de connaissance dont la structure, constamment changeante en fonction des tendances cognitives de la communauté, dépend de l'ordre chronologique dans lequel les individus obtiennent leurs brevets. "Ainsi et très grossièrement, les savoirs de base seront dans le «tronc», les savoirs très spécialisés de fin de cursus formeront les «feuilles», les «branches» réuniront les brevets presque toujours associés dans certains bla-sons, etc." (p. 102).
Dès lors qu'ils appartiennent à une communauté de savoir, les individus disposent chacun d'un «blason», sorte de représentation graphique, inscrite sur une «carte à puce», des savoirs et savoir-faire obtenus. Comme les arbres de connaissances, les blasons sont évolutifs. Si les individus dépendent de l'arbre pour la constitution de leurs blasons, l'arbre, comme structure, dépend de la composition des comportements individuels. L'ensemble est auto-organisé. "Les arbres de connaissances sont fondés sur des principes d'auto-organisation, de démocratie et de libre-échange dans le rapport au savoir. En abandonnant une conception féodale des connaissances organisées en disciplines, dominées par de grands concepts, ils déploient un espace du savoir produit par tous, coextensif à la vie des collectivités humaines, sans murs ni fossés incontournables. La diversité des compétences et des ressources cognitives de n'importe quelle communauté peut alors être rendue visible. Un espace de communication et de négociation entre tous les auteurs impliqués par les rapports au savoir est institué" (p. 119).
Sur les plans pédagogique et argumentatif, l'ouvrage de Lévy et Authier est remarquablement construit. Supposant le système réalisé en différents lieux (école, entreprise, quartiers en difficulté, régions en difficulté, tiers-monde), les auteurs, au moyen de courtes fictions (dialogues, reportages, etc.), entreprennent tout d'abord d'illustrer tous les avantages du système. Particulièrement intéressantes sont les histoires montrant comment les exclus de nos institutions d'enseignement ou les habitants du tiers-monde pourraient tirer parti des arbres de connaissances pour positiver leurs compétences. Vers la fin de l'ouvrage, après avoir décrit en détail le système proposé, les auteurs discutent quelques unes des grandes questions (ou objections) que le système suscite: "Quel rapport au savoir?, Quelle économie de la connaissance? Les arbres de connaissances sont-ils totalitaires?".
Le grand intérêt de cet ouvrage vient de ce qu'il donne une forme concrète (imaginaire et futuriste mais concrète) à tout un imaginaire théorique tournant autour des notions d'autonomie, d'auto-organisation, convivialité, identité. On sent du reste les influences de Illich, Deleuze et Guattari, M. Serres (auteur de la préface).
Opposé au système scolaire que nous connaissons, le système des arbres de connaissances offre une base des plus stimulantes pour la réflexion sur les modes de communication des savoirs et toutes leurs dimensions: politique, économique, sociale, psychologique…
Wednesday, 9 January 2008
Monday, 7 January 2008
Parodoxe de Bologne.
Interview - Recteur de la chaire d'urbanisme à Bucharest.
Vous travaillez sur des sujets très complexes, en urbanisme, qui prennent en compte un grand nombre de données. De notre coté, nous nous posons des questions sur la pédagogie, notamment la pédagogie de l'architecture et de l'urbanisme. Pensez-vous qu'il existe des particularités dans ces pédagogies des matières de la complexité? Comment apprendre aux étudiants à gérer ces difficultés?
Ca, c'est une provocation, parce qu'en ce qui concerne le temps qui est donné dans le programme des enseignements des architectes, il n'y en a pas assez pour faire une approche très compréhensive, très exclusive du point de vue des habilités qui sont nécessaires pour travailler dans le domaine de la planification urbaine. D'un autre coté, pour moi c'est une difficulté particulière, le fait que l'éducation et même le programme de notre école en ce qui concerne les architectes soit très penché sur tout ce qui concerne la création spatiale, ce qui est bien et naturel, et très nécessaire pour l'architecte, mais quand on se penche sur le domaine de la planification spatiale - planification urbaine, qui est plutôt abstraite quelquefois, ça donne des difficultés. Mais je crois que l'approche qui est actuellement mise en place ici se déclinerait en trois volets.
Et c'est là quelque chose qui est inhérent à votre pratique pédagogique personnelle, ou qui est fait de concert avec l'administration?
Je ne pense pas que ce soit très méthodique, parce qu'il y a une assez grande liberté en ce qui concerne les professeurs dans la manière de faire leurs cours. Les étudiants, et en particulier les étudiants qui ont été en échange à l’étranger ont déjà commencé à être moins passif et à demander, à réclamer des changements de méthode pédagogique. Ce que je vous ai décrit, c’est ma méthode, elle est partagée avec d’autres collègues. Jje ne suis pas le seul à le faire dans l’école, mais je ne peux pas dire que ce processus est articulé au niveau institutionnel. Il est bien reçu, et en général les échanges d’opinion entre les professeurs s’opèrent beaucoup à l’échelle individuelle ou entre les chaires, mais il ne s’agit pas exactement d’une campagne de restructuration du processus pédagogique. Parfois les étudiants ressentent ça. Je pense que ça va évoluer avec le temps, parce que les vieux sont remplacés par les jeunes, mais d’un autre coté, la situation actuelle peut être favorable, parce que ça leur permet d’être exposés à plusieurs méthodes de travail. Je trouve en tout cas que c’est bien, et ça s’est d’avantage concrétisé ces dernières années, que les étudiants demandent le changement; en général, presque tous les professeurs prennent en compte ces observations. Dans certains cas c’est difficile. Par exemple (et c’est peut être bizarre), c’était plus difficile à l’atelier que dans les disciplines théoriques. Mais je crois que l’on ne peut pas discuter par catégories, c’est au cas par cas qu’il faut le voir.
Et dans l’atelier, vous avez réussi à changer votre pratique pédagogique. Ce sont également les étudiants qui l’ont demandé?
Moi, j’étais assez privilégié, parce que je travail dans l’école depuis dix-sept ans, mais en parallèle je travaillais en relations publiques, en recherche, et en consultation internationale. Je n’ai pas une carrière didactique comme il faut, donc je suis venu à l’école en poste définitif il y a dix ans.
Vous dites que vous n’avez pas une carrière didactique « comme il faut », mais je pense que vous avez justement « une carrière didactique comme il faut », vous avez fait plein de choses, c’est mieux, non?
Je n’ai pas bien compris.
Vous dites que vous n’avez pas une carrière didactique « comme il faut »…
…non non, mais je n’ai pas commencé par là… Maintenant l’école prend des étudiants qui ont juste fini, parce qu’ils ont besoin de professeurs, ils les prennent et ils font toutes les étapes d’une carrière didactique… maintenant j’ai compris ce que vous avez dit…
Vous ne pensez pas que c’est mieux d’avoir un profil comme le votre ?
Je crois que, au moins dans mon domaine, c’est essentiel, et c’est facile pour les architectes, par exemple, parce qu’ils ont toujours une pratique professionnelle en dehors de leur activité à l’école, mais d’un autre coté, je pense que j’ai beaucoup appris dans le programme d’éducation continue, auquel j’ai participé après 90, donc après « le changement » en Roumanie ; parce que j’ai été à Harvard, j’ai été à l’Ecole National Polytechnique de Toulouse, j’ai été à l’Institut d’Etudes Urbaines à Rotterdam, donc il y a beaucoup de méthodes pédagogiques que j’ai appris de là, donc c’est là aussi une situation favorable, mais je crois que pour les architectes, pour les urbanistes aussi, il y a besoin d’avoir des programmes, peut être de formation continue , en ce qui concerne les méthodes pédagogiques. Il y a, bon c’est peut être la tradition franco-roumaine, mais il y a beaucoup de bavardage en ce qui concerne l’atelier, et l’on a besoin de point de vue, de dialogue, de capacité d'écouter ou de répondre aux étudiants, ou encore d'explorer avec les étudiants, et même de définir ou redéfinir de temps en temps la relation entre les professeurs et les étudiants. Il y a besoin d'une certaine méthode, je trouve ça nécessaire.
Mais les professeurs ne sont pas formés à ça...
Non, je crois qu’ il y a peut être ici une différence entre les professeurs qui donnent des cours, qui emploient une méthode didactique, ce qui est parfois trop passif, et les autres, qui sont praticiens, qui dirigent l'atelier d’architecture et qui souvent parlent très bien de leur profession, de leur expérience professionnelle, mais cela peut conduire à laisser des lacunes dans la formation des étudiants. L'idéal est d'avoir les deux ensembles, mais statistiquement il y a peu de cas comme ca. Nous sommes privilégiés en urbanisme parce que chez nous, dans notre chair, presque tous les professeurs qui sont chargés des cours ont aussi un projet d'atelier. Ca nous force d'une certaine manière à être dans les deux camps, et je trouve ça important.
C'est comme ça que vous résolvez, peut être, le problème de l'interdisciplinarité?
Oui, d'un coté, et puis c'est d'avoir une certaine cohérence entre le cours, le séminaire, le laboratoire, et l'atelier. Il y a un problème parfois entre le séminaire et le cours, et ce qui se passe dans la tradition des grandes écoles est profitable parce que ce sont toujours les plus jeunes enseignants qui dirigent les séminaires. Ils peuvent donc soumettre à la discussion des sujets abordés pendant les conférences ou les cours. Mais je trouve qu’avoir une relation plus forte entre ces trois volets serait profitable. Et ce n’est pas facile, à mon avis, ni naturel. Il faut travailler un peu pour arriver à ça.
Est ce que vous sentez justement de la part de vos collègues, et en architecture plus particulièrement, qu'il y a une facilité à se remettre en question? Y’a-t-il une recherche, un questionnement sur ces méthodes didactiques?
Oui, je crois, et c'est peut être le cas de la Roumanie particulièrement, mais c'est sûrement pareil dans d'autres écoles, peut-être à cause du rythme, du changement dans la vie d'aujourd'hui en général, et dans l'architecture aussi, que nous sommes forcés de nous ouvrir, et d'être ouverts au changement, de se remettre de temps en temps en question. Si c'était beaucoup moins élastique quand j'étais étudiant, il y a vingt cinq ans, maintenant c'est beaucoup plus ouvert. D'un coté ce sont les jeunes générations qui ont étudiées dans d'autres pays, qui ont vu d'autres méthodes pédagogiques, qui sont parfois beaucoup plus ancrées dans la vie réelle, pratique, qui partent travailler dans des domaines connexes comme, par exemple, le webdesign ou d’autres choses. Ils sont beaucoup plus prêts au changement. Mais je crois que peu à peu cela nous pousse tous vers ça.
Et ici on peut parler de politiques, qui sont différentes d'une école à l'autre. J'ai visité en janvier une école en Hollande. C'est vrai que c'est une école qui n'a pas couvert tout le registre de formation de l'architecte, c'est plutôt un deuxième cycle avec des architectes qui ont déjà obtenu le bachelor et qui travaillent déjà, presque formés. Mais ils ont très peu de personnel stable, et les autres enseignants sont toujours invités en rapport avec le sujet qui est abordé dans un certain atelier, à un certain moment du semestre. C'est peut être cauchemardesque du point de vue organisationnel, et c'est peut être très cher également, mais ça peut donner des résultats. Et puis, je crois que c'est un problème auquel notre école est aussi confrontée ; quand on a une grande école, on ne s'occupe pas seulement de ce que l'on appelle les « performers ». On doit s'occuper de la masse des étudiants. Et il y a toujours ce questionnement de ce que l’on doit faire de « ça ». Soit on fait une architecture qui est médiane, pas médiocre mais médiane, qui doit prendre en compte, disons les conditions de pratique normale, soit on essaie de cultiver, de pousser les choses vers la très haute performance. Ou alors on fait les deux, et c'est très difficile.
Quelle est la réponse qui est donnée ici?
Je crois que cette école essaie de faire les deux, mais parfois c'est peut être le mécanisme institutionnel qui n'a pas assez de souplesse ou assez de force économique ou de liberté de temps pour forcer la performance. Je crois que le niveau moyen est assez haut. L'école pourrait être plus sélective et je pense que ce serait mieux si ça se passait dans les deux premières années que dans les deux ou trois dernières. Bon, statistiquement on peut avoir des pertes, des gens qui auraient pu devenir bons mais qui ne sont pas arrivés dans les deux premières années à démontrer leurs qualités, mais on élimine quand même une quantité de gens qui ne seront jamais au dessus d'une ligne médiocre. Je n'ai pas vu assez d'écoles en Europe pour me prononcer, pour dire comment se situe la notre. Moi je trouve qu'on pourrait être plus sévère durant les deux premières années. Ici on entre dans une autre discussion, qui n'est pas tout à fait parallèle mais dans un autre registre: c'est une université d'état, qui est financée parfois par le nombre des étudiants. Et ça, c'est un piège qui est toujours délicat à gérer.
Notre dernière question est certes assez vague, mais elle apporte toujours des réponses intéressantes: Si vous aviez à faire une école, votre école rêvée, à quoi ressemblerait-elle?
Ça, c'est vague! De quel point de vue?
De votre point de vue personnel... plutôt du point de vue organisationnel...
Je suis dans une situation confortable parce que j'étais impliqué dans l’établissement de cette école d'urbanisme que nous avons maintenant et qui est assez jeune: il y a seulement quatre ou cinq promotions qui en sont sorti jusqu’à maintenant. Mais je présume que si la réponse était si simple on aurait déjà des modèles idéaux mis en pratique. Je crois que maintenant c'est plus difficile qu'il y a vingt ans de définir un modèle d'école. D’un coté une école ne peut pas éviter d'être très conjoncturelle, autant économiquement que du point de vue de la situation sociale, et de celle des jeunes qui ont fini les études pré-universitaires; et d'un autre coté d'avoir la souplesse de s'adapter aux changements qui se passent autour en même temps que d'avoir l'énergie de forger une sorte d'individualité. Et c'est un problème sur lequel les écoles d'architecture en Europe discutent. On ne peut pas avoir un enseignement de l'architecture très uniformisé, on doit cultiver l'individualisme du point de vue de l'école et de la personnalité mais il faut avoir la souplesse nécessaire aux échanges, entre les écoles et en ce qui concerne les étudiants et les professeurs, et au sein de l'école elle-même, sans être pour autant une école en dérive. C'est peut être là, la proposition la plus fascinante si l’on discute d'une école... Et c'est finalement une question de ressources humaines. Pas seulement leur qualité, mais leur disponibilité de travail en équipe. C’est pour moi fascinant.